Ethel écrit son histoire à épisodes !

3
Carcajada le Chamane

Depuis ma vision, je ne sais combien de temps a passé. Je reprends des forces petit à petit, mais pas suffisamment. On me laisse la camisole. Le Docteur Lennox ne passe que très rarement à présent. Je ne lui prête plus aucune attention ce qui semble le déstabiliser par rapport à mon comportement habituel.
Je ne compte plus les doses des morphines que l’on m’injecte pour me tenir tranquille. On me libère juste la bouche et les mains pour que je puisse manger ma bouillie insipide, calmement sans montrer de signes de violence. Sinon, ils me priveraient de nourriture. C’est pour le moment la seule chose qui me donne un semblant d’énergie.

Le Docteur Lennox entra dans ma chambre. Il ordonna que je soit muselée pour un entretien. Son regard balançait entre moi et ma bouillie. Le Docteur vira alors au verdâtre (encore une chose qui le répugnait). J’esquissais un sourire derrière mon masque. Son numéro m’agaçait. Le personnage m’offrait moult sentiments répulsifs. Il déglutit avant de me poser cette question dénuée de sens depuis le premier jour.
-Bonjour… Sibyl… comment vous… sentez-vous… aujourd’hui ?
Je l’observe attentivement. La première chose que je constate est qu’il butte sur chacun de ses mots. Chose impensable car il est toujours sûr de lui. La formule de sa question aussi a changé. Il me demande mes sentiments sur la situation et non pas sur ma « santé ». Curieux… Je reste perplexe… Tiens, son sbire n’est pas là. Je n’aime pas la tournure que prennent les choses. Mon instinct se réveille. Je bouillonne…
-J’ai pour vous un nouveau… traitement… Je vous serai grès… de le… prendre…
Voilà où il voulait en venir. Qu’est-ce que c’est ? Certainement du poison. Il en aura eu assez de tenter de me percer à jour en vain et aura prit la décision d’abréger mes souffrances. Tel un pantin, il s’approche de moi et pose un petit flacon à côté de ma gamelle. Décidemment, il n’est pas dans son état normal. Il s’en va après ces quelques mots :
-Bonne… soirée… et… bon appétit… N’oubliez pas… le traitement…
Une fois sorti, mes gardiens me permettent de manger puis partent à leurs tour, me laissant solitaire avec ma gamelle et ma fiole. Je décide de savourer ce qui va être mon dernier repas. Je n’ais plus rien à perdre. J’en suis convaincue.
Mon diner frugal terminé, je pris le poison. Une étiquette pendait. Il y avait une inscription manuscrite, qui ma foi, était très élégante tout en étant masculine. Il ne pouvait s’agir de l’écriture du Docteur Lennox (à force de dicter à Charles, j’ai commencé à avoir des doutes sur le fait qu’il sache lire, écrire ou bien tenir un crayon plutôt que sa couronne de trépan).
Buvez. Puis au dos, la compositions. Au moins, il m’annonce avec quel poison je vais mourir. Délicate attention de leur part. Ayahuasca et Sébil. Le sens du dramatique. Je ne connais pas ces plantes mais le clin d’œil à mon prénom est pathétique. Plus j’y pense, plus l’attitude du Docteur Lennox était étrange. Peut-être se contenait-il face à cette blague enfantine…
J’ouvris le flacon et le porta à mes lèvres.
-Pourvu que la mort m’apporte plus de réconfort que cette vie que je quitte. Des regrets ? Je ne sais pas…
Je bus. Je convulsais. Ma tête était sous pression. Des couleurs vive teintaient les murs de ma chambre qui se déformait en d’étranges dessins. Réflexion faîte, la mort est plus douce et exotique que ce l’on pourrait croire.

Ma vision redevint normale. Je ne suis ni dans ma chambre, ni en Angleterre. Je me retrouve au beau milieu de ruines dans une forêt tropicale. Des lianes longent les murs de briques rouges qui sont perforés d’arbres gigantesques, souples, qui s’enroulent tel des serpents.
-Alors c’est ça la mort…
Pour tout réponse, j’entendis un bruissement derrière moi. Un râle sourd résonna dans ce lieu immobile. Je me retournais lentement. On ne sait jamais sur qui ou quoi ont peut tomber selon mon expérience.
La chose semblait se déplacer rapidement. Je restais sur mes gardes. J’entendis un rugissement, différent de celui des lions, plus aigu dira-t-on… un félin svelte sauta devant moi. Il s’approchait lentement, comme un chat face à une proie. Ses muscles roulaient sous son pelage tacheté. J’avais déjà vu des dessins de ses animaux… Un jaguar ! Je savais où je me trouvais à présent. Tout du moins le continent, plus exactement l’Amérique latine.
Perdue dans mes pensées, j’avais à peine remarqué que l’animal s’était dressé sur ses pattes arrières. Il me toisait de toute sa hauteur, me scrutant de son regard opale. Son âme m’apparue, douce et lumineuse. Il ne me ferait aucun mal. Je ne voyais pas de la haine en lui. Juste de la connaissance…
Ses os se mirent à craquer, sa peau se déchira. Je fermis les yeux. Le bruit était insupportable. Je me recroquevillai. « Tout ceci n’est qu’un rêve, comme la dernière fois » me répétais-je pour tenter de me convaincre. Des mains attrapèrent les miennes. J’ouvrit les yeux sur des pieds nus couleur caramel. De ses doigts, l’inconnu amena mon visage au niveau du sien. Un homme…
-Bonjour Maléficienne. Je t’attendais.
Je le repoussais brusquement, à la fois troublé de part son apparence mais aussi du fait qu’il sache qui je suis. Je le dévisageais. Il était imposant avec sa taille et ses ornements. Il portait nombre de bijoux et était habillé comme les indigènes des encyclopédies. Il me sourit avec quelques dents en moins.
-Bonsoir… hésitais-je, ravie de… Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Certainement pas en Angleterre. Que me voulez-vous ? Qu’Est-ce que je fais ici ?
Il m’interrompit en levant sa main ornée de plus de bagues et de bracelets qu’elle ne pouvait porter et tous plus étranges les uns que les autres.
-Maléficienne, soit tranquille. Je suis Carcajada le Chamane de ce que ce de ton pays appel San Ignacio Minì.
-Comment ?
-j’étais toute éberluée. Un vrai chamane.
-Maleficienne, nous avons peu de temps. Les plantes des arbres que tu peux voir non qu’un pouvoir éphémère. Ton esprit est ici, mais ton corps te réclame.
-Je suis morte ?
-Non Maléficienne. Ecoutes. Les ancêtres m’ont parlé. Tu dois accomplir ta destinée. Tu as surmonté une épreuve difficile. Ils me l’ont montré.
-Excusez moi Carca… Chamane mais…
-Ils m’ont demandé de te guider vers le chemin que tu devra suivre. Tes choix nous sauverons ou nous tuerons…
-Attendez ! Vous êtes en train de me dire quoi au juste ? Parce que je ne comprends pas là…
-Le loup dont tu as rêvé est ton allié. Il t’aidera dans ta quête. Tu ne seras pas seule. Ta volonté et ta force guiderons les créatures de la nuit. Mais méfie toi. Tous ne serons pas de ton côté.
Ma tête tourne. Il le sent et reprend plus rapidement.
-Tu es notre guide…
Puis plus rien. Tout tangue autour de moi. L’image se brouille. J’ai l’impression d’appeler Carcajada de toutes mes forces mais ça se passe dans ma tête.

Des voix me martèlent la tête. Sont-elles cents, milles ? Je me secoue un peu, les mains à plat sur le sol. Mes sensations me reviennent. Je suis tombée en transe. Mais comment ? Ah oui, le flacon… Ce chamane… Je réfléchis un instant. Je suis totalement libre de mes mouvements ! Aucune camisole ? Je regarde autour de moi. Je suis dans ma chambre pourtant… Puis cette voix, en fait il n’y en a qu’une. Je cherche d’où elle provient.
-Miss Latimer… Ici.
Un homme était assis sur une chaise, face à moi. Sa chevelure d’or était peignée en arrière. Il irradiait de chaleur, d’une chaleur réel. Ma chambre n’étais plus froide. Je sondais ses yeux. Ils étaient magnifiques, d’un violet peut commun parcouru d’argent. Son âme dansait dans ses prunelles, elle était impatiente mais rassurante. Je revins au moment présent.
-Miss Latimer, vous…
-Qui êtes-vous ? Et pourquoi m’appelez-vous Miss ? Vous pouvez vous épargner ceci. Je ne suis que le sujet de recherche après tout.
-Vous vous m’éprenez Miss Latimer. Je ne travaille pas ici.
Je le regardais ahurie.
-Que…
-Je viens pour vous amener à Mr Wolfe. Je m’appel Obadiah Yardley.
-Obadyard… quoi ? Wolfe ? Mais…
Comme pour me convaincre, il se métamorphosa en un lion majestueux. Obadiah était aussi grand que le loup de mon rêve qui selon ses dires et si je déduis bien… existe.